Clara Materne | CM Nourish

Le microbiote : un écosystème à préserver

Notre corps abrite des milliards de bactéries qui ne sont pas sans conséquence sur notre santé. L’une de ces colonies bactériennes en particulier semble jouer un rôle déterminant concernant celle-ci : l’ensemble des micro-organismes présents dans notre côlon, appelés « microbiote », ou mieux connus sous les termes de « flore intestinale » ou « flore digestive ». Ce microbiote est composé à la fois de bactéries pathogènes et de bactéries commensales, les premières pouvant être à l’origine de diverses inflammations et maladies alors que les secondes assument des fonctions de protection et de régulation. Lors d’un déséquilibre de la flore au profit des bactéries pathogènes, appelé « dysbiose », de nombreux troubles peuvent apparaître : pathologies inflammatoires digestives, intolérances alimentaires, surpoids, diabète, mal-être et dépression, maladie de Parkinson, maladies cardio-vasculaires, cancers, allergies…

Tout ceci en partie car un microbiote intestinal déséquilibré :

– produit peu de propionate, un acide qui réduit l’appétit et le risque d’intolérance au glucose grâce à une vidange gastrique ralentie, et peu de butyrate, un agent anti-inflammatoire,

– réduit l’épaisseur de la paroi intestinale qui joue un rôle de barrière de protection contre les passages indésirables dans le sang, tels que ceux d’endotoxines ou de polluants,

– dégrade les acides aminés comme la tyrosine et le tryptophane, et engendre ainsi une mauvaise maîtrise de nos pulsions et un mal-être psychologique,

– métabolise davantage de calories.

Des conséquences néfastes pour notre corps et notre vieillissement, mais aussi pour nos facultés intellectuelles, notre humeur et donc notre comportement !

Plusieurs facteurs entrent en jeu dans la diversité du microbiote

Différents facteurs influent sur la composition de ces colonies de bactéries qui vivent dans notre ventre, tels que l’environnement bactérien, l’alimentation, les additifs, les médicaments (notamment les antibiotiques), la pollution, la méthode d’accouchement et l’allaitement du nourrisson ou encore le stress.

  • Par exemple, les enfants nés par césarienne ou peu ou pas allaités ont un microbiote moins diversifié et moins équilibré et sont donc davantage exposés aux allergies, aux intolérances, aux maladies métaboliques et au surpoids.

  • On peut prédire à 90 % le surpoids d’un individu grâce à une étude de son microbiome.

  • Des études ont par ailleurs démontré des relations étroites entre notre microbiote intestinal et l’intolérance au glucose, donnant lieu au diabète.

  • L’alimentation industrielle qui domine nos sociétés actuelles, constituée pour l’essentiel de sucres rapides, de graisses saturées et de protéines animales, engendre également un microbiote pauvre et déséquilibré. Il y aurait notamment un lien évident entre alimentation industrielle et augmentation significative de l’autisme.

Comment prendre soin de sa flore intestinale ?

Notre microbiote se nourrit de ce que nous lui donnons à manger. Notre alimentation est donc un des fondements de notre bonne santé. Les fruits et légumes, les fibres, le zinc et les oméga-3 sont profitables pour nos bactéries commensales, à l’inverse de nombreux autres éléments, tels que :

  • la viande,

  • les graisses saturées (beurre, fromages, huile de palme ou de coco, etc.),

  • les glucides rapides (confiseries et autres douceurs),

  • la caféine,

  • l’excès d’alcool,

  • la choline (jaune d’œufs, viandes, poissons, fruits de mer, etc.),

  • les épices agressives (poivre noir, harissa, etc.),

  • les aliments industriels, compléments et médicaments contenant des additifs et édulcorants…

Une supplémentation en probiotiques peut être une aide à court terme, mais une transformation en profondeur de l’alimentation est nécessaire pour des résultats durables. Modifier durablement notre alimentation en tendant à manger essentiellement les aliments bénéfiques pour notre microbiote renouvelle en effet celui-ci de manière significative.

À l’heure actuelle, de nombreuses études sont sur le point d’approfondir encore nos connaissances concernant ces phénomènes, à l’instar de celles menées par le Docteur Patrice Cani, spécialiste du microbiote intestinal à l’UCLouvain. Il semblerait, par exemple, que l’ingestion de la bactérie commensale Akkermansia muciniphila pasteurisée, sous forme de complément alimentaire, a un impact positif sur les maladies cardio-vasculaires, le taux de cholestérol, les risques de prédiabète, mais également le poids. La confirmation de ces résultats est attendue en vue de la commercialisation de la bactérie sous forme de compléments alimentaires d’ici 2021.

Références :

Dr CURTAY, J.-P., « Soyez le bon jardinier de votre flore intestinale, c’est vital ! », in Les dossiers de Santé & Nutrition, Janvier 2017, n° 64.

DEPOMMIER, C., EVERARD, A., DRUART, C. et al. « Supplementation with Akkermansia muciniphila in overweight and obese human volunteers: a proof-of-concept exploratory study. », in Nat Med 25, 1096–1103 (2019). (URL : https://doi.org/10.1038/s41591-019-0495-2)

Dr MOSCA, A., « Dysbiose du microbiote intestinal : des conséquences multiples. Les pathologies associées aux déséquilibres du microbiote intestinal »

Bien s’oxygéner est tout aussi important, les balades en forêt augmenteraient le nombre de Natural killers, des globules blancs impliqués dans l’immunité innée.